Steve Mc Curry photoreporter a eu sa première rétrospective de 40 ans de carrière ; soit plus de 150 photos grand format ; organisée en décembre 2021 au Musée Maillol, à Paris.

Steve Mc Curry est connu à travers le monde pour son portrait de l’adolescente afghane aux yeux verts, Sharbat Gula,  nommée « Afghan Girl », pris pendant la guerre d’Afghanistan en 1984.

Cette photographie, en couverture du numéro de juin 1985 du National Geographic Magazine, est devenue iconique. Cette image est d’ailleurs reprise comme couverture de l’ouvrage rétrospectif du National Geographic 100 Best Pictures en 2002.

 

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Ce photo-reporter de l’agence Magnum est l’un des plus grands photojournalistes du monde.

Marié à Andie, amérindienne Hopi et papa à 72 ans d’une petite Lucia Assella, âgée de 5 ans, Steve Mc Curry continue de parcourir le monde.

Retour sur la vie de Steve Mc Curry en 5 points.

Steve Mc Curry, ses débuts

Steve Mc Curry est né le 24 février 1950 à Philadelphie, dans l’État de Pennsylvanie, aux États-Unis.

Très tôt, Steve Mc Curry rêvait de devenir cinéaste documentaire. C’est pour cela qu’il fit ses études au Collège d’arts et d’architecture de l’université d’État de Pennsylvanie.

Steve Mc Curry obtient  un diplôme avec félicitations en 1974.

Steve Mc Curry est d’abord photographe pour le journal de l’Etat de Pennsylvanie puis travaille pendant deux ans pour le Today’s Post King of Prussia, toujours en Pennsylvannie avant de se lancer dans le photojournalisme.

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Steve Mc Curry, photoreporter : Je crois que j’ai toujours voulu voir le monde

A 19 ans, Steve Mc Curry décide de voyager en Europe puis en Amérique du Sud puis en Afrique. Dès 1978, il se lance dans le photojournalisme et se lance comme photoreporter en freelance.

« Je crois que j’ai toujours voulu voir le monde, explorer de nouvelles cultures », dit-il.

Steve Mc Curry part en Inde comme photojournaliste pigiste, désireux de découvrir « l’inattendu, le moment du hasard maîtrisé, qui permet de découvrir par accident des choses intéressantes que l’on ne cherchait pas ».

Il  se rend au cœur de nombreuses zones de conflits internationaux pour couvrir les événements, rencontrer les populations.

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Steve Mc Curry couvre les zones de conflits dont la guerre Iran-Irak, la guerre civile libanaise, le Cambodge, les Philippines, la guerre du Golfe, l’éclatement de l’ex-Yougoslavie et l’Afghanistan, mais il se dit être surtout intéressé par les conséquences de la guerre sur les populations au cœur des conflits.

C’est le conflit entre le Pakistan et l’Afghanistan, qui fait décoller sa carrière lorsque, réussissant  avec courage à pénétrer les zones contrôlées par les moudjahiddins (« combattants d’Islam »), juste avant l’invasion soviétique, il ressort clandestinement avec une série d’images incroyable, premières à montrer le conflit.

Son photo-reportage obtient le Prix Robert Capa en 1980.

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The Afghan Girl est l’une de ses photos les plus célèbres. Prise en 1984, elle montre une adolescente de 12 ans, orpheline de guerre, vivant dans un camp de réfugiés au Pakistan, le regard profondément triste. La photo a été prise dans l’école du camp.

Sur son visage se lit la terreur de la guerre, son courage. Ses yeux verts, son regard percutant, sont mis en avant par le foulard rouge qu’elle porte autour de la tête.

 « En l’espace de quelques secondes, tout était parfait, la lumière, l’arrière-plan et l’expression de ses yeux.»

En 2002, le magazine National Geographic organise un voyage pour retrouver The Afghan Girl. Sharbar Gula vit toujours dans un camp de réfugiés, a été mariée avant ses 15 ans, a eu plusieurs enfants dont une fille décédée.

En 2016, Sharbat Gula, toujours réfugiée sans papiers, est incarcérée, expulsée puis accueillie de nouveau par les dirigeants afghans. Finalement, elle est évacuée sous le régime taliban en 2021 pour être accueillie en Italie.

Steve Mc Curry  se souvient : « Elle s’est souvenue de moi même si je n’étais à l’école que pendant environ 20 minutes. Elle est analphabète et ne parle pas anglais et dans cette culture, les filles ne sont pas censées interagir avec des hommes qui ne sont pas de leur famille. »

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Steve Mc Curry

Au travers de ses images puissantes, Steve Mc Curry montre la vie bouleversée des peuples pris au milieu des conflits, leurs émotions prises sur le vif, exprimées sur leurs visages.

« La plupart de mes clichés sont centrés sur l’individu. Je recherche des moments d’abandon, ceux où l’âme devient visible, où l’expérience transparaît sur le visage. »

« Je ne me suis jamais considéré comme un photographe de guerre, bien que mon travail en Afghanistan soit, je pense, l’une des périodes les plus dangereuses de ma vie. »

Steve Mc Curry est membre de l’Agence Magnum depuis 1986.

 

Steve Mc Curry, le 11 septembre 2001

Le 11 Septembre 2001, malgré l’émotion suscitée par l’effondrement des tours du World Trade Center, à New York, il photographie depuis le toit de son immeuble l’effondrement de la première tour, puis se rend précipitamment sur les lieux et immortalise le chaos indescriptible qui se déroulait sous ses yeux.

« La tristesse était indescriptible. J’avais vu ces bâtiments chaque jour de ma fenêtre. Ils étaient, pour moi, encadrés avec la voûte de Washington Square », et encore : « J’ai essayé de traduire sur la pellicule ce que je ressentais, l’horreur et la perte. C’était totalement un autre niveau du mal. »

Steve Mc Curry et le scandale, 2016

En avril 2016, Steve Mc Curry est accusé de retoucher ses photos ; dont le portrait de l’Afghane aux yeux verts ; modifiant ainsi la réalité, cette vérité, cette objectivité qu’il revendique tant vouloir mettre en avant.

Par ces modifications visuelles, Steve Mc Curry est accusé de remettre en question son respect de l’éthique du photojournalisme sur laquelle Steve Mc Curry  a bâti sa carrière.

Face à cette avalanche de critiques et à la preuve incontestable de ses retouches visuelles, le 31 mai 2016, Steve Mc Curry redéfinit son statut, comme photographe artistique et déclare « Je suis un conteur visuel, pas un photojournaliste. »

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Steve Mc Curry

L’agence Magnum et le National Geographic  retirent également  certaines photographies suspectées de manipulation de leurs sites web et le Comité d’éthique du National Press Photographers Association des États-Unis publie un communiqué sévère contre le photographe, le 25 mai 2016.

« Nonobstant le titre que Steve Mc Curry se donne aujourd’hui, il a la responsabilité de respecter les standards éthiques de ses pairs et du public, qui voit en lui un photojournaliste », écrit le comité, qui conclut que « toute altération de la vérité constitue un manquement à l’éthique».

Steve Mc Curry est défendu par ses confrères comme Peter van Agtmael, photographe à l’agence Magnum qui réagit à la polémique en expliquant que  « La photographie est une profession incroyablement subjective.

Les mots “vérité” et “objectivité”, très forts, reviennent beaucoup. Je ne crois pas vraiment en ces mots. […] La subjectivité donne lieu donc à des « manipulations » telles que le : Style, choix d’objectif, position, quoi montrer et quoi exclure du cadre, éditer, choix de l’équipement, contraste, séquence. »

Malgré ce scandale, Steve Mc Curry reste l’une des figures les plus emblématiques de la photographie contemporaine depuis plus de cinq décennies. Son travail est récompensé par de nombreux prix et est exposé à travers le monde.

En effet, il a reçu  notamment  le prix Robert Capa en 1980, celui de « photographe de l’année » en 1984 par l’Association Nationale des Photographes de presse américaine », le concours World Press Photo en 1985, et le prix Olivier Rebbot, un Emmy Award en 2003 , le prix Leica Hall of Fame en 2011, et le grand prix de reconnaissance spécial du jury concours POYI en 2012.

Enfin,  Steve Mc Curry est promu Chevalier de l’ordre des Arts et des lettres en 2013. Steve Mc Curry a également publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont « Enfants du monde » en 2021 aux éditions La Martinière, « A la recherche d’un ailleurs », paru en 2020 aux éditions la Martinière, « Inde », et « Portraits » parus aux éditions Phaidon en 2020 et 2013, ou encore « Une vie en images » paru en 2018 aux éditions La Martinière, « The iconic Photographs » en 2012 chez Phaidon, « Steve Mc Curry Animals » chez Taschen en 2019 et tant d’autres encore…

Steve Mc Curry, ses expositions

  • 2021 : Le Monde de Steve McCurry,du 9 décembre 2021 au 31 juillet 2022, Musée Maillol, Paris, France.
  • 2021 : In Search Of Elsewhere, du 4 mars au 30 avril 2021, Galerie Polka, Paris, France
  • 2019: Le Monde de Steve McCurry, du 6 février 2019 au 26 mai 2019, La Sucrière, Lyon, France
  • 2016: Steve McCurry, du 27 mai 2016 au 30 juin, Galerie Got, Montréal, Québec
  • 2014 : Steve McCurry – Rétrospective, du 27 juin 2014 au 21 septembre 2014, Théâtre de la Photographie et de l’Image, Nice, France.
  • 2008 : Jordan Festival, du 8 juillet 2008 au 9 août 2008, Contemporary Arts Jordan Festival, Jordan Tourism Board, Zara Centre, Jordanie
  • 2008 : Renaître à la vie– Agence Magnum, du 29 décembre 2008 au 30 décembre 2008, Musée de l’Homme, Palais de Chaillot, Paris, France.
  • 2007 : Magnum à l’affiche, Une expo dans la rue, du 5 juillet 2007 au 25 juillet 2007.
  • 2007 : Steve McCurry Photographies, du 1er juillet 2007 au 31 juillet 2007, Galerie Frédéric Got Fine Art, Paris, France.
  • 2007 : Exposition de Steve McCurry, du 7 septembre 2007 au 7 octobre 2007,Rennes, France.
  • 2007 : Exposition de Steve McCurry,du 3 mai 2007 au 23 juin 2007, Fahey Klein Gallery, Los Angeles, États-Unis.
  • 2006: Sojourn: Narratives of Asia, du 25 novembre 2006 au 27 janvier 2007, ModenArte. Modena, Italie.
  • 2005: Paris Photo 2005, du 17 novembre 2005 au 20 novembre 2005, Carrousel du Louvre, Paris, France.

BONUS : interview de Steve Mc Curry , 17 octobre 2022 de Hannah Rooke pour Digital Camera World

Steve Mc Curry a passé les 40 dernières années à raconter des histoires à travers des photos – maintenant son histoire est racontée dans The Pursuit of Color Depuis plus de quarante ans, Steve Mc Curry parcourt le monde en capturant les personnes et les lieux qu’il a visités.

Des camps de réfugiés en Afghanistan aux jungles de l’Ouganda et aux rues de l’Inde, la compassion de Steve Mc Curry y pour ses sujets est inébranlable. 

Steve Mc Curry a consacré quatre décennies à raconter les histoires des autres, mais The Pursuit of Color est l’histoire de sa vie extraordinaire – les débuts, les difficultés rencontrées et la façon dont sa carrière a décollé. Dès son plus jeune âge, Steve Mc Curry savait qu’il voulait voyager, mais ne savait pas comment.

Steve Mc Curry a quitté la maison à 19 ans et a entrepris son premier de nombreux voyages en Inde, l’endroit qui a suscité son désir de voir le monde à l’âge de 12 ans. Partant de zéro, Mc Curry a dû trouver son propre chemin et ses propres ressources, mais il était complètement libre.

Steve Mc Curry est un photographe et photojournaliste emblématique depuis plus de cinquante ans.

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Sa photo Afghan Girl a été présentée à plusieurs reprises sur la couverture de National Geographic et il a photographié de nombreuses missions pour la publication.  

Steve Mc Curry et est membre de Magnum Photos depuis 1986, et son travail couvre les conflits, les traditions anciennes, la culture et les voyages, tout en conservant toujours l’élément humain. « J’avais l’impression d’avoir tout le temps du monde.

Tout était frais et neuf. C’est très excitant de sortir et de photographier quelque chose pour la première fois. L’un de mes premiers voyages à l’étranger a été au Mexique.

J’ai aimé pouvoir me promener et photographier sans aucun délai, aucune tâche ou aucune pression ; le monde était une toile vierge. 

Même ceux qui ne connaissent pas Steve Mc Curry connaîtront le portrait Afghan Girl. La puissante photo du réfugié Sharbat Gula a été prise en 1984 lorsque Steve a été chargé par National Geographic de documenter la crise des réfugiés à la frontière afghane.

Dans The Pursuit of Color, il explique son processus et la signification durable de la photo. « Je pense toujours que c’est une photo importante et nous sommes restés en contact au cours des 20 dernières années. Nous nous parlons toutes les deux semaines et j’ai toujours essayé d’être à ses côtés et de l’aider de toutes les manières possibles.

Elle et sa famille vivent maintenant en Italie à cause des troubles en Afghanistan. Dans The Pursuit of Color et sur Instagram, Steve Mc Curry utilise l’expression « faire une photo » au lieu de « prendre une photo ».

Au sein de la communauté de la photographie, que vous fassiez ou preniez une photo est un débat en cours – un débat que Steve Mc Curry a rencontré pour la première fois lorsqu’il a étudié la cinématographie à l’Université d’État de Pennsylvanie.  « Cet argument du faire ou du prendre remonte à 50 ans, je me souviens en avoir parlé au collège en 1972 » se souvient-il.

Il utilise l’exemple d’une personne prenant une photo rapide de la tour Eiffel comme prenant une photo, mais quelqu’un qui regarde la lumière et la composition comme en faisant une. « Un instantané d’un chalet est une représentation pure de la chose que vous photographiez, peut-être que faire référence à une composition plus réfléchie. »  

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Alors que les travaux récents de Steve Mc Curry se sont concentrés sur le pouvoir positif de l’humanité dans des séries comme Le pouvoir du jeu et de la lecture, la carrière de Steve Mc Curry a véritablement commencé dans les montagnes du Pakistan et de l’Afghanistan où il a été embauché par les troupes afghanes pour documenter la guerre sur le point de commencer avec la Russie.  

Être témoin de la souffrance à ses débuts pendant le temps passé dans les zones de guerre l’a amené à s’intéresser à la condition humaine et aux conséquences de la guerre.  « Vous devez juste trouver quelque part en vous et réaliser que le but est de faire la lumière sur une situation et j’espère que les gens seront mieux informés sur le monde dans lequel nous vivons.

Peut-être que cela peut créer un changement positif, alors c’est bien de l’obtenir. là-bas. Chacun s’en occupe à sa manière. »

Bien que la technologie de l’appareil photo ait énormément progressé depuis qu’il a possédé son premier appareil photo, un Miranda, Steve Mc Curry est resté à l’avant-garde : « Je n’ai jamais vraiment raté un battement, passer du film au numérique pour moi était en quelque sorte transparent.

« Les smartphones ont indéniablement rendu la photographie plus accessible et Steve Mc Curry, adepte des nouvelles technologies, est là pour ça.  « Pouvoir documenter nos vies, nos amis, nos événements familiaux et nos vacances si facilement, c’est formidable.

Je pense qu’avoir un enregistrement de nos vies est vraiment précieux, je suis un grand fan, j’ai 140 000 photos sur mon téléphone ! Steve n’a pas l’intention de ralentir malgré le fait qu’il ait maintenant une jeune fille. Équilibrer le travail dans ce domaine et une famille est difficile, mais Steve a trouvé un moyen de le faire fonctionner. « Nous voyageons tous ensemble, l’année dernière nous sommes allés en Italie, en Espagne, au Portugal et en Islande donc c’est super j’adore voyager avec eux. »

Il est difficile d’imaginer Steve Mc Curry faire autre chose que de la photographie. Voir le monde à travers ses yeux est passionnant, coloré, émotif et parfois stimulant.  

The Pursuit of Color explore ses motivations et ses désirs autour des principes de la photographie, mais ce sont les opportunités uniques qui lui sont présentées à travers son travail qu’il apprécie le plus ; « La meilleure partie de mon travail est de pouvoir errer et explorer le monde dans lequel nous vivons, d’aller dans des endroits dont j’ai rêvé et de rencontrer des gens intéressants.

Aussi pour avoir l’opportunité de documenter des cultures en voie de disparition » Une carrière dans la création d’images était inévitable pour Steve Mc Curry, « Pour moi, il a toujours été question d’histoire, et le film est un autre moyen de transmettre une histoire sur un moment et un lieu particuliers ».

L’art de la narration transcende le support qui le porte, et les histoires que Steve Mc Curry fait devant la caméra sont aussi captivantes que son histoire derrière elle.

 

Eric CANTO Photographe : Photos de concerts, portraits, pochettes d’albums.

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